April showers bring may flowers...

(and may flowers bring rhume des foins)

Mesdames, Messieurs, Mes camarades entre les deux, nous pouvons mettre derrière nous un mois crevant et doucement nous diriger vers les muguets et la fête du Travail (et la fête du Travail, c’est vachement bien, c’est la lutte finale tout ça, tout ça). J’espère que tout le monde ici va bien et survit au climat politico-culturel et/ou aux allergies.

Les nouvelles du front :

Sans plus attendre, débutons la phase « News » de cette newsletter (vous pouvez toujours la lire avec la voix de Gilles Bouleau si vous voulez) :

  • Attention ! Pour celles et ceux qui ne suivent pas trop mon compte Instagram, le résultat du vote de ce mois-ci sera annoncé en fin de newsletter ! Alors, à vos pronostics !

  • Ce mois-ci, j’ai achevé la réécriture historique du Cloître des vanités (et j’ai donc commencé à le proposer à plusieurs maisons d’édition, croisez les doigts pour moi !) Tout de suite un petit extrait !

"Hermine parut extrêmement soupçonneuse en sortant du puits pour la première fois depuis deux jours. Son geôlier reniflait sa méfiance tout autour d’elle comme une fragrance de prix. Elle paraissait d’ailleurs si compacte qu’il aurait pu s’en faire un manteau. Un joli manteau, même, d’après ses critères.

Évidemment, revoir des fleurs, respirer de l’air frais et apercevoir le firmament au crépuscule vissaient dans son cœur une force invincible, mais la jeune femme savait très bien qu’il y aurait une ignoble contrepartie à ces délices. Elle serait fatalement malheureuse en retournant dans l’espace de ses nuits, où elle souffrait d’horribles courbatures et embaumait l’urine.

Il la laissa explorer le jardin et s’étirer un peu avant de passer aux choses sérieuses.

Son corps s’ankylosait et s’affaiblissait à cause des entraves. Sa chair devenait grasse sous les assauts de la sueur. Ses beaux cheveux se ramassaient en paquets informes et malodorants, mais elle pouvait frotter l’herbe sous ses pieds et regarder les nuages. Juste quelques instants de bonheur dans l’insoutenable. Sentir un air frais et doux pour balayer les poils hérissés de sa peau. Fermer les yeux dans un immense sourire, ignorer la douleur…"

Le cloître des vanités - chapitre 6 : Passion
  • J’ai également commencé la rédaction de L’évadée de Castille. Mon premier thriller historique sans SFFF (allez, il y a des toutes petites touches de fantastique dedans, mais pas assez pour qu’il soit compté dans les genres de l’imaginaire). Je vous propose un charmant petit aesthetic ET un résumé de quatrième de couverture pour vous mettre dans l’ambiance de ce projet (dont je suis complètement amoureuse).

panachage d'images suggérant l'ambiance du roman

Alors ? Vous venez en Espagne avec moi ?

Avilà, Castille, 1792 :

Fière, obstinée et un rien cruelle, Térésa Marques y Moreno fait et défait les jours de la bourgeoisie Castillane par les nombreux scandales qu’elle agite au cœur de sa belle citadelle médiévale. Mais le retour au pays du mystérieux Raùl Cabrera, fils de domestique devenu médecin et adoré de la population locale, va bientôt lui apprendre la voie des Lumières françaises, des armes et de l’amour. Et si le venin de la jeune femme pouvait se transformer en quelque chose de plus sain ? Si ses mains étaient faites pour soigner et non pour gifler ?

Le Roc-Madalene, Provence, 1815 :

Fausse muette et vraie apothicaire cousue de secrets, l’énigmatique Jeanne-des-Esprits coule une vie paisible sous les voûtes de son couvent des sœurs de la Charité. Mais lorsque des visages familiers issus d’un passé douloureux commencent à se manifester et que les cent jours de Bonaparte le forcent à traverser sa petite vallée, la religieuse va trouver un certain réconfort dans l’idée d’une revanche brutale contre cinq des fidèles de l’empereur.

Et si les deux femmes étaient liées par le même secret sordide ? Et si le prix du sang pouvait payer toute une vie d’erreurs et de meurtrissures ? Si la vengeance était un plat qui se mange glacé par delà les neiges des Pyrénées ?

  • Sinon, le mois d’avril a été chargé en salons importants. J’ai fait mon premier Ouest hurlant à Rennes, qui était génial pour retrouver et rencontrer les copains et copines d’Internet, mais qui aurait sans doute été un poil plus efficace niveau ventes s’il n’avait pas été organisé pendant le week-end de Pâques (j’ai bien vendu cela dit, donc je n’ai pas à m’en plaindre). Par contre, la véritable surprise de ce mois-ci a été le Salon du livre lesbien de Paris. Je n’en attendais rien, car il se déroulait sur une seule journée. Et il m’a estomaquée ! Les ventes ont été excellentes et la mairie annexe du 14ème a été remplie absolument toute la journée. Encore une fois, et selon la formule consacrée : bravo les lesbiennes !

Maintenant que vous connaissez mes aventures éditoriales, parlons de culture (parce que la culture, c’est super bien) et de mes découvertes/recommandations du mois :

Recommandations culturelles :

Cinéma :

  • Dead talents society, John Hsu, Taïwan, 2024 : Une petite comédie horrifique taïwanaise dont je n’attendais rien mais qui m’a saisie au cœur avec sa morale extrêmement touchante sur l’entraide et contre le perfectionnisme. Si vous avez besoin de pleurer un bon coup, faites-vous plaisir ! Les lumières du film sont très jolies, au passage.

  • Outrage, Takeshi Kitano, Japon, 2010 : Je vis avec un fan incontesté de Takeshi Kitano alors petit à petit, il faut bien que je m’habitue au bonhomme. Si ses films humoristiques me font autant rire que la retransmission d’un meeting du RPR dans le Cantal, ses drames sont plutôt efficaces et pince-sans-rire. En l’occurrence, Outrage est un génial film de yakuza froid, baroque et cruel. Moi, déjà, en général, les films de yakuza j’aime ça. Mais en plus celui-ci est sans chichis et d’une efficacité incroyable. J’ai déjà hâte de voir les suites !

  • Conclave, Edward Berger, USA, 2024 : Bon, une fois n’est pas coutume, parlons d’un film que presque tout le monde a déjà vu et qui penche plutôt vers le mainstream. Vous vous doutez bien de pourquoi j’ai regardé Conclave (Rip François), mais je regrette franchement de ne pas être allé le voir tant qu’il était au cinéma. Si je le trouve mollasson et un peu prévisible pour un thriller. En tant que catholique croyante et pratiquante, j’apprécie le fait qu’il appuie sur tout ce qui ne va pas dans l’institution. Il propose d’ailleurs une fin toute joyeuse qui a fait hurler tous les conservateurs qui ont vu le film (fin que j’aime énormément, du coup).

  • The ipcress file, Sydney J. Furie, Royaume Uni, 1965 : Oui, c’est un peu de la triche parce que j’ai déjà regardé le film auparavant dans l’année, mais il est disponible en ce moment sur arte.tv et il vous fera passer un super moment d’espionnage aux côtés d’un héros qui n’a aucune envie d’être là. Niveau scénario et ambiance, on est très proche de La marque jaune, célèbre aventure de Blake et Mortimer de Jacobs. Et niveau bonbon pour les yeux, vous pourrez observer un tout jeune Michael Caine tiré à quatre épingles qui achète des conserves. (Spectacle toujours exceptionnel, vous en conviendrez.) Au demeurant, le film est le premier de la trilogie des Harry Palmer, une de mes plus grosses inspirations pour mon roman Les sarments d’émeraude (en bêta-lecture en ce moment même) donc j’y suis très attachée.

Livres :

  • L’épouse de bois, Terri Windling, Les moutons électriques, 1996 : J’ai rarement lu un roman qui me parlait autant. Intelligent, beau, mystique d’une façon tout à fait personnelle… Je regrette seulement de ne pas l’avoir lu plus tôt dans ma vie. Quelle merveille ! L’héroïne est attachante, les autres personnages sont parfaitement fouillés et le truqueur a un vrai côté créature de conte. Définitivement un classique ! Seul petit bémol : les personnages natifs ont un petit côté « ésotérique » qui n’est pas toujours du meilleur goût.

  • Un éclat de givre, Estelle Faye, Folio SF, 2014 : Tout a déjà été dit sur ce livre par des gens plus intelligents que moi. Donc j’ai décidé de me concentrer sur un des côtés que j’ai adorés (en plus de la personnalité absolument incroyable de Chet) : l’amour de Paris de l’autrice. C’est un roman très géographique, mais qui rend un hommage absolument incroyable à la ville sans tomber dans les clichés (on se balade même pas à la tour Eiffel et ça, c’est beau), à part des scènes au sacré cœur et à Notre-Dame on erre dans des lieux plus intimes (la piscine Molitor, les catacombes…) et véritablement aimés par Estelle Faye, qui a décidé de leur créer une mythologie toute particulière.

  • Qisiose, Emmanuel Quentin, 1115, 2023 : Une petite nouvelle poétique, mais efficace. J’y ai retrouvé la même mélancolie que dans Au royaume des vivants du même auteur, qui parlait aussi beaucoup de ce qu’est être un humain à travers notre enveloppe charnelle. Globalement une petite lecture sympa, j’aurais juste préféré que les dialogues soient présentés autrement ! Mais c’était peut-être volontaire.

  • Et on n’oublie pas — sinon je vous tape — le ulule de Malone Silence qui est toujours en cours. La trilogie Stanley n’est pas mort est une de mes meilleures découvertes horrifiques et queer de ces dernières années et on est pas loin de débloquer le manchon ! Je compte sur vous :

  • Autre crowdfunding à ne pas oublier : la première sortie officielle des éditions de la Poivrière, fondées par les membres de la Pepperpot team. Plus grand à l’intérieur est un magnifique livre d’art par et pour les fans de Doctor Who. Une superbe idée de cadeau et un bon coup de pouce pour aider la structure à démarrer !

Musique/Podcasts/Radio :

  • Guerre et Paix, Sergueï Prokofiev, URSS, 1942 : J’avoue que je n’en ai pas mené large quand j’ai découvert qu’un de mes romans préférés avait été transposé en opéra par un de mes compositeurs préférés dans les années 1940… et que je n’en avais jamais entendu parler auparavant ! Si vous aussi vous aimez la musique soviétique et Tolstoï, faites-vous plaisir :

  • Garçon, Koxie, France, 2007 : Moi non plus, je ne sais pas pourquoi j’ai eu une soudaine rechute de nostalgie en plein dans les années 2000 (douce époque où j’étais enfant et où j’écrivais des histoires de loups-garou qui tabassaient des nazis). Je pourrais aussi vous dire que j’ai réécouté plein de Kyo et de Emma Daumas (oui je sais, moi non plus je me souvenais plus qu’elle existait), mais j’avoue que Garçon me plait toujours. Ne serait-ce que parce qu’insulter des harceleurs, c’est vachement bien.

  • Si vous cherchez une émission plus politique, j’aide toujours à animer « Prière de l’ouvrir ». Et c’est toujours une émission mensuelle, diffusée sur Radio Campus Angers (et disponible en podcast/replay après chaque direct) les derniers mardis de chaque mois, qui traite de militantisme catholique et de lutte contre l’extrême droite. L’épisode de ce mois-ci parle du droit à l’avortement :

Conclusion :

Nous en arrivons au résultat du vote de ce mois-ci ! Quelle illustration avez-vous préférée pour orner la couverture de la réédition de L’étreinte du roncier ? Et c’est celle-ci, qui mêle taphophilie et jolies fleurs de pavot bleu, qui devrait décorer votre livre vers sa sortie en septembre ! Hâte de vous en dire davantage.

Bien sûr, le format de la newsletter pousse la saturation à fond. L’image est plus subtile IRL !

On se retrouve le mois prochain !

Manon Segur