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Calor, Calor, Calor !
(et je crois que je ne vais pas y survivre)
Mesdames, Messieurs, Mes camarades entre les deux, nous voici rentrés dans une fournaise intolérable (et dire qu’il y a encore des gens qui ne croient pas au réchauffement climatique), qui aura pour seul mérite de me faire penser à une chanson que j’aime beaucoup. Le titre de la newsletter de ce mois-ci y fait d’ailleurs référence, rendez-vous dans la partie musique pour découvrir le pourquoi du comment !
Les nouvelles du front :
Sans plus attendre, débutons la phase « News » de cette newsletter (vous pouvez toujours la lire avec la voix de Gilles Bouleau si vous voulez) :
Je suis encore en plein speedrun pour L’évadée de Castille et je m’amuse autant que je me crève sur ce projet ! (Ne suivez pas mon exemple pour le bien de votre santé mentale, et de votre santé tout court, d’ailleurs). Un petit extrait ?
“L'air de la nuit s'infiltrait sous la charpente de la cuisine, et maintenant qu'elle était bien avancée, le vent léger semblait avoir complètement oublié de porter en lui la chaleur du printemps. Un agréable froid d'hiver désinfectait la pièce par une porte ouverte sur le jardin à l'arrière de l'auberge, et Raùl s'en abreuva comme d'un bon vin lorsqu'il pénétra dans la pièce tranchée de clair obscur.
Une délicieuse odeur de romarin séché, d'oignons confits et de viande cuite semblait danser sous la caresse du courant d'air, mais elle ne semblait malheureusement pas si bonne pour Mirella Clavel - qui commençait sérieusement à fatiguer de sa longue veille et qui contemplait sa tourte en train de cuire comme si elle avait personnellement tué toute sa famille.
- Quelle douce odeur ! se surprit-il à remarquer.
L'aubergiste ne répondit pas, elle se contenta de noyer ses yeux dans la fournaise, un masque de tristesse et de crainte plaqué sur ses traits habituellement rieurs.”

Une chouette photo pexels qui correspond plutôt bien à l’ambiance du projet
J’ai re-commencé à faire de la BL à un rythme plus soutenu, et ça m’avait terriblement manqué ! En effet, je considère que c’est une pratique essentielle pour tout auteur. Au-delà du côté entraide, qui est déjà suffisamment noble par lui-même, le fait de lire d’autres textes dans les genres de l’imaginaire pour y trouver qualités et défauts permet de mieux identifier les tares de sa propre écriture. Mais qu’est-ce que je BL, me demanderez-vous avec moult doléances curieuses ? Eh bien, un roman de fantasy antique par Charlène Ferlay (que vous connaissez sans doute pour son roman Les verres sous le velours noir, chez Plume Blanche), qui s’appelle pour l’instant « King and General ». Le style est extrêmement fun et ça me fait toujours plaisir d’entendre parler d’atriums et de péristyles ! (Oui bon, chacun ses passions) Si vous aussi vous voulez découvrir le style de cette autrice, je ne peux que vous envoyer vers sa page Wattpad :
Il y a du nouveau du côté de Ses veines, un Mondrian, ma novella dystopique/body horror. Et si pour le moment ce n’est rien de concret du tout, je peux juste dire que je m’accroche de toutes mes forces à une piste ! Ne serait-ce que pour fêter mes aventures éditoriales, pourquoi ne pas reprendre du rab d’extraits ? C’est moi qui invite !
“Bientôt assommée par les bourdonnements extérieurs, elle se laissa noyer dans des rêves de moins en moins concrets, lignes de pure couleur, buvard blanc, nuit d’encre, lac glacé, béton, béton tout autour d’elle, le regard de cet homme déporté près d’elle, la certitude de savoir ses parents morts sans jamais pouvoir visiter leur sépulture, le souvenir d’une petite église logée sur la baie, celui de sa chair mise à nue sous des mains expertes…”
Recommandations culturelles :
Cinéma :
Le conte de la princesse Kaguya, Isao Takahata, Japon, 2013 : Takahata m’avait déjà brisé le cœur en mille morceaux avec Le tombeau des lucioles, aussi je ne sais pas pourquoi je lui ai fait confiance une deuxième fois en me disant que « oh c’est un mignon petit conte traditionnel, y a pas de raison que ce soit si douloureux ». Grave erreur. J’ai trouvé cette histoire d’une tristesse abyssale. C’est un parfait portrait des méfaits du patriarcat, avec en prime un style graphique d’une grande douceur. Préparez vos kleenex par contre.
Du sang dans le désert, Anthony Mann, USA, 1957 : Les westerns, c’est pas nouveau, j’adore ça. Mais je suis néanmoins particulièrement difficile avec ce genre parce qu’une bonne partie des trucs qui ont été produits par pelletée dans les années 50/60 est soit complètement inintéressante, soit politiquement arriérée. Ce n’est pas le cas de ce très sympathique Anthony Mann qui interroge les violences policières à travers la figure du shérif et de ce qu’on attend de lui, la déconstruction de ce qu’est la vraie masculinité, et le racisme contre les natifs des États-Unis. Bien sûr, aucun film n’est parfait et celui-ci écope d’une bonne grosse misogynie de surface, mais pour l’époque il est sacrément novateur et profite d’un beau noir et blanc. À rattraper sur Arte !
Les demoiselles de Rochefort, Jacques Demy, France, 1967 : Bon. C’est clairement pas la première fois que je vois cette merveille, mais c’est précisément parce que c’est une merveille que je me sens obligée de vous indiquer qu’il est visible au replay sur France.tv en ce moment même !
Livres :
Les amitiés fantômes, Morgane Stankiewiez, éditions Goater, 2024 : Un roman proche de la maison, comme diraient les anglais ! Ce texte n'est pas tant un roman fantastique qu'une exploration psychologique du deuil. Il explore magnifiquement la force d'une amitié parfois brouillée aux portes de la romance, mais toujours pure dans son intensité. Si Nora n'est pas du tout mon genre d'héroïne, elle est parfaitement humaine et son désespoir est palpable tout le long du roman.
Un joli livre, mais à lire si on est bien accroché émotionnellement
Malheureusement, je n’ai pas beaucoup eu le temps de lire ce mois-ci ! Je promets de me rattraper le mois prochain (mais vous pouvez aller découvrir le livre que je vous ai recommandé, il est très bien !)
Musique/Podcasts/Radio :
Paciencia y Fe, In the heights, USA, 2008 : Ce titre de la première comédie musicale de Lin Manuel Miranda (que je préfère à Hamilton, voilà, vous pouvez venir m’insulter) possède une ouverture qui résume très bien mon sentiment face à cet été. C’est d’ailleurs à cette ouverture que fait référence le titre de cette newsletter !
The fox, Lalo Schifrin, Canada, 1967 : Lalo Schifrin, très grand compositeur de musiques de film, étant mort en fin de mois, il me semblait évident de vous parler d’un de ses morceaux. S’il est surtout connu pour le thème de Mission impossible (que j’aime beaucoup), j’avais envie de pointer vers quelque chose de moins connu. Quoique…
Si vous cherchez une émission plus politique, ce mois-ci c’était le dernier numéro de « Prière de l’ouvrir », une émission que j’ai aidé à animer toute cette année. Elle était diffusée sur Radio Campus Angers (et disponible en podcast/replay après chaque direct) les derniers mardis de chaque mois et parlait de militantisme catholique et de lutte contre l’extrême droite. Vous pouvez tout découvrir à votre rythme, à cet endroit !
Conclusion :
Pour vous récompenser de m’avoir lue jusque-là, voici quelques photos de mes dernières aventures parisiennes ! Vous pouvez lancer le thème de Jurassic Park si vous voulez, on sera tout à fait dans l’ambiance !

Une magnifique robe découverte lors de l’exposition Worth : inventer la haute couture au Petit Palais

Squelette de diplodocus découvert dans la galerie de paléontologie du jardin des plantes de Paris

(ça c’est du Caribou)
On se retrouve le mois prochain !
Manon Segur