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Février (minus one)
(Parce que le temps est une chose mystérieuse)
Les nouvelles du front :
Sans plus attendre - et parce que vous voulez peut-être vous remonter le moral -, débutons la phase « News » de cette newsletter (vous pouvez toujours la lire avec la voix de Gilles Bouleau si vous voulez) :
J’ai fini la rédaction de Ses veines, un Mondrian, la novella de SF et body horror médicale dont je vous parlais la dernière fois ! Pour l’occasion, je vous offre un extrait ET cette magnifique (mais si) couverture canva :
“Une lumière faiblarde pulsait ses rares rayons de verre à l’intérieur de l’église dévastée.
Étonnamment basse de… coupole ? Et ramassée sur ses fresques obscurcies comme une ancêtre, la dame de pierre craquait de tous les cadres anciens, cartons moisis et autres outres de cocaïne que les pillards de Mikhail avaient choisi de collectionner pendant la guerre civile, de toutes les veines dorées de son iconostase épurée, de toutes les couleurs saignées par l’abandon. Une odeur de salpêtre et de vase y recouvrait les effluves d’un encens fantôme qu’Antalya avait pourtant cru respirer lors de son entrée. En dépit de ses airs d’entrepôt de luxe, l’église de l’Assomption de la Sainte Vierge Marie conservait l’empreinte mélancolique d’un ancien carrefour de rencontres, autrefois vivant, lourd de souffles et de prières plantées dans le sable des pique-cierges. Un carrefour maintenant parfaitement dévasté par la guerre.”
La couverture Canva en question !
J’ignore encore quoi faire avec cette novella si l’AT auquel je l’ai envoyée n’est pas concluant, mais je suis en tout cas ravie d’avoir réussi à réécrire un texte efficace et court. Et je mets l’emphase sur court.
J’ai quitté twitter ! (Les boutons qui décorent le haut de la newsletter vous servent uniquement à partager les articles si vous vous demandiez). Une décision extrêmement difficile au vu de mon histoire avec ce réseau social, mais que j’estimais nécessaire dans mon cas. Politiquement, je tiens à avoir la ligne la plus claire possible et je refuse de soutenir une personne prête à faire des saluts nazis en public (ou des saluts nazis tout courts, hein). Je ne peux pas quitter Meta pour l’instant, mais je commence doucement à chercher des solutions pour remplacer facebook, messenger, etc…
Dans une tout autre ambiance, j’ai commencé les corrections éditoriales de Notre-Dame-de-la-Dormition (dont la parution est toujours un secret entre nous, chut). Et on m’a autorisée à parler un peu de mes inspirations à la fin du roman, donc voici l’histoire de ma muse pour ce thriller fantastique :
“Notre-Dame-de-la-Dormition, dont vous venez de lire l’histoire, est inspirée par une véritable église de Toulouse : celle du couvent des Cordeliers.
Célèbre pour une chapelle - la chapelle de Rieux, immortalisée par une sculpture visible au musée des Augustins - et sa crypte, très populaire chez la bourgeoisie locale, cet établissement franciscain collectionnait les histoires de fantômes en tous genres et constituait un des centres de l’université de Toulouse au moyen-âge.
Son église s’élevait en un magnifique exemple de ce qu’on présente aujourd’hui aux touristes comme le gothique “méridional”. Elle était la seconde plus grande église de la ville après la basilique Saint-Sernin. Placée sous le vocable de la Vierge, de Saint-François d’Assise et Saint-Louis d’Anjou, elle a malheureusement été vendue pendant la Révolution, en partie démolie à cette époque, puis échue à l’administration militaire.
Un violent incendie l’a ensuite tant fragilisée durant le XIXe siècle qu’il a fallu la détruire en 1873.
Ne subsistent donc que la sacristie - souvent utilisée comme lieu d’exposition -, la salle capitulaire du couvent, possiblement la crypte (enfouie), le clocher et le portail occidental.
Ces derniers éléments sont visibles dans un jardin accolé à l’antenne toulousaine de la Banque de France.
La rivale historique de l’église des Cordeliers, l’église des Jacobins de Toulouse est toujours debout et ressemble énormément à l’édifice meurtri. Le couvent des Jacobins a d’ailleurs été une grande inspiration pour ce roman, c’est pourquoi il apparait dans un chapitre.
Je ne peux que vous encourager à le visiter.”
Maintenant que vous connaissez mes aventures éditoriales, parlons de culture (parce que la culture, c’est super bien) et de mes découvertes/recommandations du mois !
Recommandations culturelles :
Cinéma :
Les lettres de l’angoisse 2, Coll, France, 2025 : L’anthologie d’horreur dont je vous parlais la dernière fois est sortie ! Mais je vous préviens : si la plupart des propositions sont super cool, le réalisateur du segment H a cru malin d’utiliser de l’IA générative dans son court-métrage. Choix d’autant moins malin qu’une bonne partie des réalisateurs impliqués dans le film est activement opposée à l’IA et n’était pas au courant de cette démarche avant de voir l’anthologie dans sa forme finale. Prière donc de célébrer les créateurs honnêtes et travailleurs sans les relier à cette décision foireuse !
David Lynch cooks quinoa, David Lynch, USA, 2007 : Un grand classique que j’ai revu à l’occasion de la mort de David Lynch. Il se passe exactement ce que vous pensez qu’il se passe dans ce court-métrage et chaque seconde de cette recette de cuisine est précieuse.
Departures, Yojiro Takita, Japon, 2008 : Là aussi, je crois bien qu’il s’agit d’un classique au Japon (même si c’est un classique assez récent). Ce film m’a été conseillé il y a quelques mois par Natacha Didry (allez la suivre, elle fait des trucs super) et je pense qu’elle a bien cerné mes goûts. On suit les mésaventures d’un violoncelliste forcé de se retrouver un travail et qui va se découvrir une vocation inattendue dans les pompes funèbres. Ce film propose une masculinité douce et sensible à travers son protagoniste et la musique de Joe Hisaishi (toujours dans les bons coups) fait bien en sorte de donner toutes sortes de coups bas au spectateur pour le faire pleurer toutes les larmes de son corps (et ça marche). Malgré tout, j’ai trouvé le côté larmoyant assez cathartique et intelligent.
Casino, Martin Scorsese, USA, 1995 : Le saviez-vous ? J’ai une hyperfixation sur les hôtels-casinos de Las Vegas. Ne posez pas de questions, moi non plus je ne sais pas pourquoi. J’ai également un crush de la taille du Nevada sur Robert de Niro, surtout quand il est filmé par Scorsese. Je n’ai pas davantage d’explications à donner. Ce film est super.
Livres :
Sous un carré d’immortelles, Nina Gorlier, éditions du Chat noir, 2024 : Ma première lecture de 2025 s’est avérée être un coup de cœur absolu. Si vous aimez le gothique, les styles poétiques et vous vider de vos larmes, foncez !
La dernière inca(pable), Gaëlle Bonnassieux, éditions Octoquill, 2024 : Un roman d’aventures frais et fun sur les traces d’un trésor inca. Le style ne m’a pas complètement convaincue (il n’est pas mauvais, juste très « new romance »), mais les recherches historiques et la romance lesbienne entre les deux protagonistes m’ont emportée. Un bon point aussi pour les scènes intimes, tournées vers le consentement et qui dépassent pas mal de clichés dans les rapports de domination/soumission.
Voyage avec un âne dans les Cévennes, Robert Louis Stevenson (mon édition vient de chez De Borée), 1879 : Un road trip pas top niveau antispécisme (mais tout est à remettre dans son contexte), mais absolument merveilleux à lire. Comme d’habitude avec Stevenson, la plume est élégante et l’humour étonnamment moderne. Pas mal de passages du livre sont consacrés à ses pensées sur la religion et je trouve ces dernières très intelligentes et humanistes.
Musique/podcast/radio :
Spiracle, Flower Face, Canada, 2022 : Une chanson découverte dans une des playlists de mon chéri et qui me transporte totalement. Je suis pas très indé, pourtant, et pas très musique moderne en général. Je suis même un peu boomeuse quand il s’agit de musique. Mais cette chanson-là me donne envie de prendre un bus sous la pluie avec la tête appuyée contre la fenêtre et c’est une sensation que j’aime de tout mon petit cœur.
Thème de la fête triste, Saint-Preux, France, 1974 : Je pense que je n’ai pas besoin de trop élaborer sur l’album autour de cette musique (que j’ai découvert assez récemment). N’importe qui qui écrit ou lit du gothique doit pouvoir se rouler dans cette musique comme un épagneul breton se roulerait dans une flaque de boue.
00 – Infinity symbol, Aphrodite's child, France/Grèce, 1972 : Parce que des fois, j’ai un peu envie de vous glacer le sang. C’est comme ça, c’est gratuit.
Si vous cherchez une écoute plus politique, j’aide toujours à animer « Prière de l’ouvrir ». Et c’est toujours une émission mensuelle, diffusée sur Radio Campus Angers (et disponible en podcast/replay après chaque direct) les derniers mardis de chaque mois, qui traite de militantisme catholique et de lutte contre l’extrême droite.
Conclusion :
Je n’ai pas de cadeau ce mois-ci (même si, promis, vous en recevrez d’autres à l’avenir), mais je peux vous laisser sur de superbes (enfin, j’espère) photos de Notre-Dame de Paris. Parce que quitte à être descendue sur la capitale pour l’avant première des Lettres de l’angoisse 2, j’allais pas y trier des lentilles !
On se retrouve le mois prochain !
Vue sur la rose sud de Notre-Dame de Paris
Vue sur le chœur de Notre-Dame de Paris
Chœur de Notre-Dame de Paris
Manon Segur