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La feuille d'automne...
(emportée par le vent)
Mesdames, Messieurs, Mes camarades entre les deux, nous voici dans la plus belle et la plus agréable de toutes les saisons (mais si, mais si !) J’espère que vous en profitez par des lectures sinistres et des marches au crépuscule sur de craquants tapis de feuilles mortes (c’est en tout cas tout le mal que je vous souhaite).
Sans plus attendre, débutons la phase « News » de cette newsletter (vous pouvez toujours la lire avec la voix de Gilles Bouleau si vous voulez) :
Les nouvelles du front :
Eh voilà ! L’étreinte du roncier est ressorti aux éditions Malpertuis. Son premier salon dans cette nouvelle version s’est bien passé et j’ai hâte d’en refaire encore pour réintroduire Célia et monsieur Tanat aux lecteurs.

De retour pour vous jouer un mauvais tour…
Mais comme une seule sortie à gérer serait trop simple et que je joue la vie en mode difficile (regardez-moi faire des métaphores de gamer alors que j’ai jamais touché une console de ma vie^^), la campagne de précommande pour Notre-Dame de la Dormition s’approche en courant. Cette couv incroyable nous vient de chez Saint-Jupiter, une graphiste spécialisée dans les livres.

Elle est belle hein, ma nouvelle couverture ?
Un petit résumé ?
« Depuis des siècles, elle brûle. »
L’église de la Dormition, ensevelie sous les fondations d’un vieux théâtre toulousain, semble avoir avalé les flammes sans jamais les éteindre. Ceux qui l’approchent trop près y laissent quelque chose d’eux — leur voix, leur sang, parfois leur âme.
Myriam, jeune costumière hantée par ses cauchemars, n’avait aucune raison d’ouvrir ce portail oublié. Mais ce qu’elle y découvre — une femme hagarde, couverte de suie et d’or, surgie d’un passé effacé — pourrait bien être la réponse à tous ses silences.
Tandis que le théâtre s’enfonce dans la nuit, des intrigants impitoyables s’agitent en coulisses, prêts à tout pour effacer ce qui aurait dû rester enfoui. Sous les planches, les prières s’étouffent. Et quelque chose attend…
L’évadée de Castille est parti en BL ! J’aime ce roman de tout mon cœur, c’est probablement un de mes meilleurs textes de ces dernières années, et j’avoue que j’attends chaque retour de mes bêta-lectrices avec impatience. Un petit extrait ?
“Si elle se rendait à son étude avant de s’habiller et d’embrasser son père, elle pourrait sacrifier le restant de sa journée à ses onguents et… Non, pas à ça. Il ne fallait pas y penser. Pas lui. Pas encore. Par Dieu, pourquoi fallait-il qu’il envahisse les quartiers des serviteurs le matin même où elle était en croisade contre son image ? Teresa aurait tout fait pour que les songes de la nuit dernière s’effacent dans l’éther, mais ceux-ci avaient au contraire choisi de s’accrocher à son corps comme une huile odorante. Des caresses fantômes émerveillaient son cou. Son pouls semblait crier à travers ses poignets. Le bracelet de verre lui assénait bien un froid salutaire, mais seulement comme une ancre qu’elle devait garder à la baie de ses pensées… sans quoi elle devenait la chaîne tout à fait romanesque d’entraves qu’elle désirait sur sa peau. Ses dents lui semblaient assez affutées pour croquer dans la chair grassouillette du brave médecin. La honte qu’elle ressentait vis-à-vis de leurs retrouvailles lui donnait envie d’aller expier ses péchés à genoux face à lui. Elle aurait dû continuer à le garder loin d’elle, mais ainsi mélangée à ses rêveries elle exacerbait son désir de feu. Elle voulait danser, hurler, elle voulait mordre comme dans un fruit et être maintenue telle une chèvre menée à un sacrifice. Elle voulait la salive, la douleur, la beauté, la sueur, le combat, les câlineries tout en même temps… Et la sauvagerie. Elle voulait la sauvagerie.”
Enfin, comme L’évadée de Castille est exilé pendant quelques semaines chez mes BL et que j’ai approximativement zéro gramme de patience dans mon corps, j’ai commencé la rédaction de la version longue de Comme un ruban d’écarlate. Une étrange histoire de peinteresse, de ruines maudites et de vengeance sanglante qui vous est sans doute familière puisque je vous l’avais offerte sous forme de nouvelle dans cette newsletter. J’en reparlerai davantage le mois prochain…
Maintenant que vous connaissez mes aventures éditoriales, parlons de culture (parce que la culture, c’est super bien) et de mes découvertes/recommandations du mois :
Recommandations culturelles :
Cinéma :
Intact, Juan Carlos Fresnadillo, Espagne, 2001 : Un thriller fantastique qui prend place dans une Espagne des années 2000 où une société secrète de joueurs bourgeois vole, trafique et extorque la chance des autres. La réalisation léchée et l’atmosphère mélancolique en font un petit bijou. Le film est encore disponible quelque temps sur le site d’Arte.tv et je vous le conseille les yeux fermés (mais ne les fermez pas trop sinon vous ne verrez rien).
Matador, Pedro Almodovar, Espagne, 1986 : Deux tueurs en série qui se débarrassent chacun des personnes qu’ils désirent et/ou avec qui ils ont couché se plaisent un peu trop pour leur propre bien… L’ambiance de ce film est à la fois fun (exception faite d’une scène extrêmement glauque), camp et érotique, avec juste ce qu’il faut de meurtres sanglants et de personnages stupides pour me faire rire. L’acteur principal, Nacho Martinez, ressemble très très fort à Jeremy Irons, ce qui m’a poussée pendant tout le film à me demander si Jeremy Irons parlait espagnol. Vous pouvez également le rattraper sur Arte.tv si vous aimez les histoires d’amour malsaines et baroques.
Truly, madly, deeply, Anthony Minghella, Grande-Bretagne, 1990 : N’importe quelle personne qui a le malheur de parler avec moi plus de dix minutes sait la passion ardente et dévorante que je voue à feu Alan Rickman (grand amour de ma vie, petit ange parti trop tôt, etc...) Il était donc étonnant de ma part de ne pas avoir vu ce grand classique du film de fantômes avec lui. La raison était simple : je voulais éviter de me briser le cœur. Mais je participe à un cinéclub, ce qui me force heureusement à quand même devoir me briser le cœur, parfois. Et le film n’est étonnamment pas aussi triste que je le craignais, plus mélancolique et étrange que tire-larmes. Un mignon visionnage d’automne…
Livres :
Le dernier chant d’une sirène, Stéphanie Skrobala, Le héron d’argent, 2025 : Bon, la fantasy j’aime pas ça plus que ça, les réécritures de conte c’est aussi rarement mon truc. Mais le concept de ce livre m’attirait plutôt bien, d’autant plus que l’autrice est un amour. Je n’ai pas forcément aimé le style du roman – peut-être un peu simple pour moi —, mais je l’ai trouvé extrêmement ambitieux au niveau de l’histoire et j’ai particulièrement apprécié la bisexualité de l’héroïne, totalement assumée et mise en avant. Une lecture fraîche et dynamique si vous aimez les aventures dentelées dans des châteaux lointains.
Plutôt que de parler d’une deuxième lecture, j’avais envie de vous faire connaître deux campagnes de précommandes qui ont lieu en ce moment :
Une qui se déroule en ce moment chez JS éditions, une de mes maisons d’édition, pour une jolie romance de Noël gay : Le fils du père Noël. JS est une structure que j’adore et qui met toujours en lumière des belles histoires qui permettent à tous et toutes de se sentir représenté.e.s :
Et une autre qui se déroule chez Le labyrinthe de Théia, pour proposer la traduction d’un roman d’aventures palestinien : Voyages fantastiques en d’autres contrées. Une partie des recettes du roman sera reversée à Médecins du monde pour son intervention humanitaire en Palestine. Dans le contexte actuel, cette campagne me semble un beau geste plein d’humanité :
Musique/Podcasts/Radio :
The hunter, Joe Sample, USA, 1983 : Je m’y connais en Jazz fusion ou en Funk comme en chèvres des montagnes, c’est-à-dire pas beaucoup, mais Qobuz a décidé de me faire découvrir quelques pépites qui me donnent envie d’aller vivre des aventures néo-noir dans des villes futuristes pleines de vapeur :
Galahad, Epic score, USA, 2022 : Parfois, on veut écouter de la musique délicate, fine et subtile, et parfois, quand on est bibi, on a envie d’écouter de l’epic-music grandiloquente avec moult chœurs dramatiques pour avoir l’impression d’être sur un champ de bataille au treizième siècle.
El dorado, Thomas Bergersen, Norvège, 2012 : Pour rester dans l’epic-music de ma jeunesse (lointaine, car j’ai un pied dans la tombe du haut de mes 27 ans), j’ai redécouvert ce morceau en cherchant des sonorités hispaniques pour l’Évadée de Castille, et si ça ne vous donne pas envie d’aller tataner des conquistadors ou de chercher les cités d’or, je ne sais pas si on peut être copains…
Conclusion :
Psst… Des fois que vous ne seriez pas au courant, la campagne de précommande de Notre-Dame de la Dormition va arriver très très vite (début du mois d’octobre). Si j’étais vous, je voudrais être inscrit pour me tenir aux premières loges !
On se retrouve le mois prochain !
Manon Segur