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La saison de Satan
(Non, je n'aime pas trop l'été, non)
Mesdames, Messieurs, Mes camarades entre les deux, j’espère que cet été se passe bien et qu’un grand nombre d’entre vous peut se reposer dans de bonnes conditions. Ici, il fait chaud, chaud… et chaud.
Sans plus attendre, débutons la phase « News » de cette newsletter (vous pouvez toujours la lire avec la voix de Gilles Bouleau si vous voulez) :
Les nouvelles du front :
Attention ! Il va falloir lire cette newsletter jusqu’au bout ! En effet, c’est aujourd’hui que je vous révèle le nom de la maison d’édition qui va publier L’étreinte du roncier. Mon éditeur m’a néanmoins demandé de vous faire garder le secret le plus absolu jusqu’à l’annonce officielle. Je compte donc sur vous pour ne pas me trahir, c’est très important ! Petit indice avant d’aller plus loin : célèbre demeure d’un romancier belge…
Ce mois-ci, côté écriture, j’ai pas mal trimé sur la deuxième partie de la correction éditoriale de Notre-Dame-de-la-Dormition, mon roman fantastique à paraître en fin d’année chez Le héron d’argent. Un petit extrait ?
“Lisa n’aurait pas vraiment su dire comment sa gastro s’était évanouie, ni même comment elle avait finalement réussi à s’endormir sur le sol glacé de la crypte.
Tout ce dont elle se rappelait en se réveillant consistait en un tragique mélange de contes : fiers faucons survolant des pics ornés de châteaux, chaleureuses capes brodées d’or et de perles, chants lointains tissés dans un ciel bleu qu’elle ne reverrait probablement plus jamais… de vagues bouts de liberté arrachée qui lui encombreraient bientôt la gorge de lourds sanglots.
Elle se frotta les yeux machinalement, même si elle savait qu’elle ne connaîtrait jamais plus rien d’autre que ces murs croulants, noyés dans l’obscurité et la poussière. Elle secoua ensuite sa mère, si épuisée et lavée de larmes qu’elle ne parvint pas à la faire émerger après dix minutes d’acharnement. Elle se redressa finalement sur ses maigres jambes, toujours teintes d’un or empoisonné, et commença à explorer les ombres de son opaque prison…”
J’ai — sinon — avancé sur L’évadée de Castille, dont la trame principale est terminée ! Mais comme le roman navigue beaucoup entre passé et présent, je bosse actuellement sur la partie en flashbacks, celle qui se passe…en Castille. Et si je vous emmenais avec moi pour une petite promenade à Ávila ?
“L'extérieur du couvent s'ouvrait en traître sur une montée menant au plus gros de la ville médiévale. Le clocher de la vieille cathédrale gothique y dominait déjà les toits de son imposante présence et ses cloches, fêtant la naissance du Christ, rivalisaient de colère avec les vents glaciaux de cet hiver. S'éloignant progressivement des murs baroques du couvent, le père et sa fille saluaient ça et là d'autres notables de la ville, tous plus ou moins fatigués par l'enthousiasme de leurs enfants ou les mauvaises récoltes qu'annonçait cet hiver un brin rustre.
Ses yeux toujours lancés vers les nuages, Térésa retira - non sans difficulté - sa main de celle, veineuse et tiède, du gentilhomme maigrichon et grisonnant pour mieux grimper les pavés anciens qui menaient au chevet fortifié de la cathédrale.
Immense forteresse trouée de vitraux gothiques et d'une dentelle de pierre qu'on disait inspirée par les maures autant que les français, la vieille dame engluée dans les remparts lui murmurait comme des enchantements d'autres temps, des promesses d'aventures moyenâgeuses dignes de romans de cape et d'épée. Térésa ne s'en étonna pas. La sainte dont elle portait le nom et qui avait fait la gloire de sa ville aimait elle-aussi ces épopées épiques et mystérieuses. Elle en avait même écrit, avant de recevoir des visions mystiques et grandiloquentes qui l'avaient poussé à réformer l'ordre des carmélites... pour que quelques siècles plus tard, sa seule véritable amie doive s'y enfermer. C'était bien la peine, tiens !”
Je fais partie des personnes qui ont la chance de partir en vacances (et j’ai conscience du privilège que c’est). Ce mois d’août, je vais aller passer quelques jours à Clermont-Ferrand, une ville que je connais et que j’adore déjà. Comme vous le savez peut-être, j’ai dans mes projets d’écrire un jour un roman d’aventures sur Jean Deschamps, l’architecte de la cathédrale de Clermont. Aussi ces vacances risquent d’être très éducatives pour moi !

La cathédrale en question : Notre-Dame de l’Assomption de Clermont-Ferrand
Maintenant que vous connaissez mes aventures éditoriales, parlons de culture (parce que la culture, c’est super bien) et de mes découvertes/recommandations du mois :
Recommandations culturelles :
Cinéma :
Kpop demon hunters, Chris Appelhans, Maggie Kang, USA, 2025 : Je peux essayer de faire la cinéphile autant que je veux, des fois il faut bien que je succombe aux tendances du moment. Si Kpop demon hunters n’a rien de révolutionnaire, il me faut bien admettre que l’animation est sublime, que les chansons claquent (pourtant, moi la kpop, je m’en fiche un peu) et que j’ai très envie d’une suite.
Sinners, Ryan Coogler, Usa, 2025 : Encore une comédie musicale, mais cette fois-ci beaucoup moins rigolote. Sinners aborde une multitude de thématiques liées au racisme, au blues, à l’identité musicale et à la résilience avec une réalisation sublime et un concept bien maîtrisé. Un bon et beau film d’horreur qui mérite toutes les louanges déjà reçues.
Comme un lundi, Ryo Takebayashi, Japon, 2022 : Un film de boucle temporelle fun, rythmé et touchant sur l’enfer du monde du travail japonais et l’aliénation des employés par le bureau. La réalisation est pleine de petites idées fun et la morale finale très douce. Je le recommande de tout mon cœur.
Livres :
Les maîtres des vices, Chloé Rovarc'h, Le héron d’argent, 2024 : Que quelques petits défauts - qui indiquent que c’est un premier roman - et un univers extrêmement glauque autant politiquement que sexuellement (non, vraiment, c’est super glauque) ne vous fassent pas passer à côté de la grande sincérité de cette dystopie. Les personnages sont plutôt bien travaillés et l’héroïne a une personnalité assez appréciable dans un océan de protagonistes féminines de plus en plus lisses et « not like other girls ». Mention spéciale pour le style, vraiment joli et efficace, et pour le personnage d’Hess qui m’a beaucoup marquée !
L’alchimiste, Paulo Coelho, Anne Carrière, 1994 : Si vous me suivez ici, il est très probable que vous connaissiez ma passion pour l’ésotérisme. C’était donc étonnant de ma part de ne pas encore avoir découvert ce classique, souvent comparé au Petit Prince. On me l’avait tellement vendu comme un bouquin profondément cucul la praline et niais que je préférais l’éviter et je regrette maintenant de ne pas l’avoir lu plus tôt. Oui, L’alchimiste est une histoire profondément gnian-gnian et saccharine, mais c’est aussi un conte marquant et très joliment écrit. Je pense que ça ne peut pas faire de mal de mettre un frein sur le cynisme une fois de temps en temps pour apprécier la sincérité de ce qui nous entoure…
Colomba, Prosper Mérimée, 1840 : Maintenant que je vous ai avoué avoir bien aimé une histoire mignonne et adorable, retournons à nos cochons (sauvages) : les histoires de vengeance cruelles et sanguinolentes. Colomba est un de mes romans préférés depuis le collège et je voulais absolument le relire pendant la rédaction de L’évadée de Castille pour bien m’imprégner des aventures de cette femme forte, manipulatrice et digne prête à tout pour faire couler du sang ennemi dans le maquis corse. Le style — pour l’époque — est plutôt simple à lire, efficace et même drôle. Je sais que ce n’est pas la dernière fois que je relirais ce roman.
Musique/Podcasts/Radio :
The grand duel, Luis Bacalov, Italie, 1972 : Non, la playlist d’écriture de mon projet actuel n’est pas remplie à rebord de musiques de westerns spaghettis. Je vois pas pourquoi vous pensez ça.
Not going everywhere, Peter Capaldi, Écosse, 2025 : Mon amour pour Peter Capaldi n’est pas un secret. Mon inspiration pour Sernin (oui, oui, quand il était plus jeune, bien sûr) et pour le love interest de ma novella actuellement en soumission, mon deuxième interprète préféré du Docteur et mon ancien modèle capillaire a encore sorti un album de rock punk. Et si j’avais moyennement aimé son précédent album, le nouveau n’est qu’une liste de bangers.
Bin night, Peter Capaldi, Écosse, 2025 : Je disais quoi ? Que des bangers.
Si vous êtes plus podcast, je ne peux que vous conseiller celui-ci. Je n’ai pas encore rattrapé tous les épisodes, mais la voix de Lukya est agréable à suivre et j’ai connu un cheminement spirituel assez proche du sien (même si je n’ai pas du tout la même religion). Ses pensées sont toujours assez intéressantes et plutôt bien articulées.
Conclusion :
Nous en arrivons à LA révélation que vous attendez depuis le début de cet article…
L’étreinte du roncier, mon deuxième roman publié, la prunelle de mes yeux, va bientôt revoir le jour chez… Malpertuis. Un éditeur légendaire dans le monde du fantastique francophone !
Bien entendu, l’annonce reste strictement entre nous tant que tout ça n’a pas été révélé officiellement.

Hâte de vous le re-présenter !
Manon Segur